Avec la reprise d’activité, dans les entreprises comme dans les services publics, la question de la prise de risque et de la responsabilité juridique revient sans cesse dans les discours des médias, des politiques, des citoyens.

C’est, là aussi, symptomatique d’un dysfonctionnement et des glissements à opérer pour permettre de nous réinventer.

Les organisations centralisées ne peuvent faire face à l’imprévu – ni à la « Réinvention permanente® ».

Une définition de la « bureaucratie » est de mettre le maximum d’intermédiaires entre celui qui décide et le terrain sur lequel s’applique la décision, pour qu’un contrôle s’exerce à chaque étape, et pour que la responsabilité soit la plus diluée possible, tellement diluée qu’au final personne ne la porte.

Les entrepreneurs savent que dans un monde qui bouge vite, il faut au contraire décider au plus proche des réalités du terrain. Cela soulève deux problèmes auxquels nous faisons face actuellement : qui porte la responsabilité et pour quelle prise de risque ?

A ce titre la discussion sur le redémarrage des écoles et la dépénalisation des décisions est stupéfiante ! Refuser la prise de risque, avec les conséquences juridiques qui peuvent en découler, et vouloir (comme je l’entends aujourd’hui de la part de nombre d’acteurs locaux ou de politiques) « dépénaliser » leur responsabilité éventuelle est contreproductif !

Cependant, nous, chefs d’entreprises, n’avons-nous pas aussi ce type de réaction dans nos organisations ? Les e-mails envoyés en copie à 10 personnes n’ont-ils pas pour objet principal de se dédouaner du risque par exemple ?

Dépénaliser dans la sphère publique, déresponsabiliser dans l’entreprise sont les deux facettes d’un manque d’acceptation du risque et du manque de confiance entre les acteurs.

Pour réinventer le monde de demain, il faudra d’abord se faire confiance et ensuite prendre des risques.

La prise de risque, c’est la vie.

  • Peut-on se réinventer sans risque ?
  • Peut-on vivre sans risque ?
  • La vie n’est-elle pas elle-même, en apprivoisant ses peurs, l’apprentissage de la prise de risques progressive et contrôlée ?

La prise de risque c’est transformer le « facteur » (celui qui ne fait que passer l’information, qui ne s’implique pas) en un acteur, avec son libre arbitre, qu’il faudra accompagner dans sa montée en compétence pour progresser.

La réponse au risque n’est pas d’imposer des règles ou des contraintes nouvelles à des « facteurs » plus nombreux, la réponse au risque c’est de faire grandir chacun dans sa position d’acteur et de contributeur, lui donner les moyens d’agir, d’innover, lui permettre d’assumer ses responsabilités et sa prise de risque, dans la vie citoyenne comme dans l’entreprise.

Pour avancer sur ce terrain-là, le chemin unique: la confiance !

Se faire confiance, faire confiance aux acteurs, c’est permettre la « Réinvention permanente® ».

Se faire confiance les uns les autres, c’est d’abord et avant tout un choix, un parti pris : faisons confiance aux maires, à nos équipes sur le terrain, aux valeurs que nous portons tous pour trouver les solutions, faisons confiance aux acteurs, aux bonnes volontés.

Se faire confiance c’est aussi avoir un objectif commun, des valeurs communes, et avoir envie de contribuer à l’action, chacun avec ses apports.

Ces ressorts de la confiance, on le sait, sont plus présents quand la distance hiérarchique, managériale, sociale, est moindre (et que celui qui décide est digne de confiance bien sûr). On sait que la confiance politique est plus forte pour les maires des petites villes par exemple. C’est la même chose quand on interroge les équipes sur la confiance envers son manager, son dirigeant ou envers le patronat en général.

La « Réinvention Permanente® », indispensable pour s’adapter au monde qui bouge vite, c’est accepter que les acteurs au plus proche du terrain (ceux en qui nous avons confiance) prennent des initiatives, des risques et des décisions, pour adapter les grandes lignes aux réalités de leur territoire. La « Réinvention Permanente® », c’est prendre des risques et faire confiance, se faire confiance.

La Réinvention Permanente® et le risque